Voici un article paru dans le Journal Le Soleil en mars 2018, sur l’utilisation des drones pour l’échantillonnage environnemental. Depuis plusieurs années nous améliorons les technologies afin de permettre aux entreprises et organismes de réaliser des prélèvements et échantillonnages d’air dans différentes situations. Voici l’avis du journaliste Jean-François Cliche – Le Soleil.
Si l’on avait besoin de quelqu’un pour grimper à une haute cheminée afin de prendre un échantillon des gaz chauds et potentiellement toxiques qui en sortent, il y a fort à parier que les volontaires ne se bousculeraient pas à la porte. Mais grâce à un drone développé à Québec, il se pourrait bien que l’on n’ait plus besoin de volontaires, justement, pour aller dans des endroits dangereux ou difficile d’accès.
«Juste au niveau de lasanté et sécurité, il y a plein d’endroits où on ne peut pas envoyer un opérateur pour échantillonner», explique Nicolas Turgeon, ingénieur et chercheur au Centre de recherche industrielle de Québec. «Je pense à des déversements, à des feux de forêts, ou des accidents. Juste pour ça, y a un besoin. […] Déjà en 2015, on s’était demandé si ça existait, un système d’échantillonnage aéroporté, alors on a fait une petite recherche documentaire et on s’est aperçu qu’il n’y avait pas grand-chose sur le marché. Ce qui existait, c’était surtout de l’équipement universitaire ou de recherche.»
Le CRIQ a donc fait un partenariat avec l’entreprise de Québec DroneXperts afin de mettre au point un drone qui serait capable de faire le travail — et un prototype sera dévoilé au Salon des technologies environnementales du Québec, qui se tient mardi et mercredi au Centre des congrès. L’engin d’un peu plus d’un mètre de diamètre est propulsé par six hélices et transporte trois dispositifs d’échantillonnage différents. Il a notamment été testé dans une chambre de l’incinérateur de Québec qui est inaccessible au personnel et autour de sa cheminée.
«À la base, ce sont les mêmes technologies d’échantillonnage que ce dont on se sert au sol. Il y a eu un défi de miniaturisation [qui a été relevé, ndlr] et il y a aussi le défi d’avoir des méthodes références pour que les résultats soient comparables avec ce qu’on fait au sol», explique M. Turgeon.
À cela s’ajoutent des tests qui doivent permettre de définir les limites de l’appareil — ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas faire. Par exemple, dit le chercheur, le brassage d’air causé par les hélices ne dérange pas quand le drone est au beau milieu d’un nuage de quelques dizaines de mètres de diamètre. «Mais quand on veut caractériser le pourtour d’un nuage, là, ça peut être une difficulté», illustre-t-il.
Notons que le Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec, rattaché au ministère de l’Environnement, s’est montré dès le départ très intéressé par le projet et y a activement participé.
Source : Journal Le Soleil